Quand le coeur éclate...

Gen revenait d'une bonne petite promenade à l'extérieur. Le soleil était éclatant et la température, parfaite pour aller se ballader. Depuis qu'Harris lui avait avoué ses sentiments pour elle, la jeune fille se sentait renaître. Elle passait beaucoup plus de temps à l'extérieur. Sa blancheur en avait pris un sacré coup! Elle avait déjà moins l'air d'un fantôme. Car avant, c'était bien ce qu'elle était: un fantôme errant du passé, ne vivant plus réellement. Mais maintenant, tout était différent. Elle avait une raison d'être, un but dans la vie, des rêves, ... Décidément, Gen changeait à vue d'oeil. Elle était plus ouverte aux autres et elle avait trouvé la joie du coeur. Toutefois, une tache persistait au tableau: le passé. Mais jamais cette tâche ne pourrait s'effacer; elle ne ferait que s'atténuer avec le temps.

L'adolescente remonta les marches du Hall et se dirigea vers sa chambre pour s'y reposer un peu. Elle n'alla pas à son repaire. Cela faisait longtemps qu'elle n'y était pas allée, d'ailleurs. C'était sombre, froid, triste et déprimant. Jamais plus elle ne se laisserait envahir par ces émotions négatives. Mais il ne faut jamais dire jamais...

Gen ouvrit la porte de sa chambre. Elle ne s'attendait pas à y trouver Rebeca. Son amie était étendue sur son lit et elle pleurait. Pourquoi? Gen n'aurait sû le dire. L'orpheline aux cheveux couleur nuit avait toujours perçu Rebeca comme la plus forte des adolescente du Manoir. La meilleure confidente aussi. Et la plus tenace! La voir pleurer chamboula réellement l'adolescente. Qu'est-ce qui pouvait bien la bouleverser à se point?

- Reb? demanda-t-elle d'un ton où perçait l'inquiétude. Ça va?

La journée avait mal commencée pour Rebeca. Comme tout le monde, il lui arrivait de se décourager, de se dire que rien n'allait plus. Cependant, Reb gardait tout ca au fond d'elle même. Elle n'en parlait à personne. Elle préférait écouter les gens lui conter leurs malheurs que de parler de ses malheurs à elle. Elle n'aimait pas se confier aux autres. Cependant, elle ne sait pas pourquoi... Est-ce la peur qu'ils la jugent? Est-ce que c'est parce qu'elle a peur d'être trahi et de ne plus jamais faire confiance autres aux après? Ca doit être un peu de tout ca, pensait-elle, sans vraiment en être certaine.

Elle s'était réveillée de mauvaise humeur, du pied gauche comme on dit. Elle avait ensuite remarqué que Gen, sa coloc n'était pas là. Elle se demanda quelle heure il était. Il devait être plus de midi...

Elle était restée longtemps dans son lit, à penser à son enfance volé. Elle n'avait pas eu la vie facile, comme la plupart des adoslescents ici. Sa mère n'avait jamais voulu d'elle, et son père pas plus. Elle se souviens plus particulièrement du jour où il l'avait frappé pour la première fois. Elle avait six ans! Comme cela lui semblait loin... et si proche à la fois. Elle avait toujours eu peur qu'il la refrappe. Et justement, ses pires craintes étaient devenues réalité. Il l'avait battu tellement souvent après cette première fois là.

Les larmes lui coulaient sur les joues. Elle les laissa faire. Ca lui arrivait vraiment pas souvent de pleurer. Mais aujourd'hui, ca lui fit du bien.

C'est à ce moment que choisi Gen pour faire son entrée dans leur chambre.

-T'inquiète pas, ca va..., lui répondit-elle.

-Ca va, je t'assure, ajouta-elle,en sèchant ses larmes, devant le regard de Gen.

Gen était chamboulée et confuse. D'un côté, elle voulait bien croire Rebeca quand celle-ci lui disait que ça allait, mais ce n'était pas du tout ce que Gen voyait. L'orpheline soupira intérieurement. Elle se dit que l'heure des révélations chocs était venue. Cela ne l'enchantait guère, au contraire. Mais Reb avait besoin de réconfort, ça sautait aux yeux. En bonne amie, Geneviève s'assit sur le bord de son lit et regarda sa coloc' dans les yeux.

- Je voudrais bien te croire, mais mes yeux me disent que ça ne va pas du tout.

La jeune adolescente marqua une pause. Elle prit une grande respiration pour mettre de l'ordre dans ses idées puis continua son discours.

- Sais-tu ce que je vois? Je vois une fille forte et solide qui résistait aux chocs de la vie. Mais maintenant, le temps l'a effrité, comme avec tout bon rocher. Les obstacles de la vie sont devenus plus difficiles pour elle. Il fut un temps où elle pouvait les affronter seule. Ce temps est révolu.

Gen se leva et vint s'asseoir aux côtés de Reb en replaçant un plis du drap. Elle lui prit la main et força son amie à la regarder dans les yeux.

- Maintenant, elle a besoin de soutien. Je suis là Reb. Je suis là pour t'écouter et t'épauler, si tu en as envie. Il est peut-être temps pour toi de partager ton lourd fardeau avec quelqu'un d'autre...

* Comme je l'ai fait jadis avec Bronko...*

Une pointe de mélancolie naquit au sein de Gen. Elle essaya tant bien que mal de chasser ces souvenirs d'un passé pas si lointain et ne réussit qu'en partie. Suffisament pour retourner sa concentration vers le vif du sujet: Rebeca.

- Si tu as envie de parler à quelqu'un, je suis là, ok? dit-elle à son amie.

Rebeca souria. Elle sécha de son autre main les quelques larmes qui coulaient encore. C'est drôle comme ca change, se dit-elle. Au début, c'était Gen qui se confiait à Reb. Et maintenant...? Ca serait le tour de Reb? Il faudrait qu'elles changent de rôle? Non... Reb déteste se confier aux autres. Comment pourrait-elle expliquer ça à son amie? Et puis, Reb n'a pas trop envi de conter cette partie, garder si secrète, de sa vie. Elle a tout fait pour que personne ne sache ce qu'elle a réellement vécu, enfant. Était-elle prête à tout lui racconter? Non, encore une fois.

-Merci Gen, mais je ne crois pas que je suis... enfin, que je suis prête à confier tout ca...

Elle ne voulait pas que sa colo'c prenne ca mal. Reb n'en avait juste pas envi.

-Euh, Gen? Prend pas ca personnel, c'est jusque j'ai pas envi d'en parler... Tu comprends?

Elle savait que oui. Gen était si compréensive parfois. Enfin, d'après ce qu'en savait Rebeca.

Alors toi, dit-elle en regardant son amie, tu as quelque chose à me dire?

Elle avait envi de changer de sujet, c'était évident. Elle n'aimait pas parler d'elle. Et en changant de sujet, elle évitait que Gen pose trop de questions.

La réponse de Rebeca fit sourire Gen. Elle aurait prédit que son amie refuserait de lui conter sa vie et se refermerait comme une huître sur elle-même. Geneviève respecterait cette décision, même si ça ne lui faisait pas particulièrement plaisir et même si sa curiosité en demandait toujours plus.

- D'accord, c'est toi qui voit, laissa-t-elle tomber. Mais si tu as envie de parler, je suis là! Ne l'oublie pas.

Toutefois, quelque chose chicotait l'adolescente. Elle ne pouvait pas laisser ça coloc' comme ça, non! Gen devait trouver une solution pour aider Reb ou du moins, apaiser sa blessure à l'âme. Tout en échaffaudant plusieurs scénarios pour l'aider, la jeune fille ne se rendait pas compte qu'elle tortillait un coin du drap entre ses doigts, signe d'une profonde concentration. Soudainement, elle lâcha le drap froissé. Une idée vebnait de luui traverser l'esprit. Ce n'était pas la meilleure, mais l'effet était là. Et puis, Gen en avait besoin aussi... Elle devait le faire. Rebeca n'était plus qu'un prétexte pour sortir ça de sa cachette et pour en consommer sans scrupule. Elles oublieraient toutes les deux. Mais qu'est-ce que Gen voulait bien oublier? Le passé? Personne ne pourrait le changer, quoiqu'on fasse. Harris? C'était bien la dernière chose que l'orpheline aux cheveux nuits voulait effacer de ses souvenirs. En pensant à lui, son idée si brillante quelques secondes plus tôt lui paru des plus futiles et insensées. Pourtant, elle devait le faire. C'était plus fort qu'elle. Comme si sa volonté était réduite à néant par une force beaucoup plus puissante, sombre et sans pitié, torturant ceux qu'elle possédait. Gen avait beau lutter contre cette force qui engloutissait sa volonté, son âme et sa raison, en vain. Elle était prise au piège, comme un tigre tournant en cage encore et encore. Elle voulait s'en sortir, mais en était complètement incapable. C'est sur-ce que la jeune fille se leva machinalement et se dirigea vers la commode. Là, elle ouvrit un tiroir, déplaça quelques morceaux de linge et prit entre ses mains blanches et tremblantes un sac de plastique qu'elle ouvrit. Elle en sortit deux simili-cigarettes et un briquet. Gen resta un moment à contempler ces objets de torture entre ses mains.

- Je crois que j'ai ce qu'il te faut, Reb... dit-elle d'une voix mal assurée.

Gen se retourna lentement et se dirigea vers la porte qu'elle verrouilla. Puis, ce fut le tour des enêtres que la jeune fille ouvrit toute grande. Une légère brise fraîche vint envahir la chambre. Sans trop se préoccuper de la température, Gen retourna aux lits. Elle tendit un join à Rebeca et porta le sien à sa bouche. Puis, elle l'alluma et prit une grande bouffée.

- Tu veux que je te l'allume? dit l'adolescente avec un air moqueur.

Les effets de la drogue paraissaient déjà...

» Solitude, quand tu nous tiens![Lilliam de mon coeur:P]